mardi, août 29, 2006

Sirénes et sirins


Pourquoi n'y a-il -pas de "sirins" comme il y a des sirènes .... ils existent bel et bien ces êtres hybrides qui nous charment de tous leurs attraits faciles et éphémères pour mieux nous engloutir ensuite au plus profond des eaux ...et comme on s'y laisse entraîner quelquefois avec faiblesse et amour propre enflé ...si fier(e) d'avoir été regardé(e) par aussi belle image...si flatteuse pour nous-mêmes... Naïfs(ves) que nous sommes d'avoir crû qu'être aimé(e) c'était cela....seulement cela....plutôt que ceci



Parfait silence
Le rouge de sa bouche
Dans la lumière crue
C.C


Ces sirènes ont à travers les temps et les cultures de multiples avatars bénéfiques ou maléfiques.

Ce sirin là , que je vous présente,ne veut de mal à rien ni à personne , juste se reposer dans le flux calme de l'onde et rêver à un monde sans rentrée des classes ,encore enchassé de coquillages et d'algues séchées...
Hélas il est bien temps de se réveiller et de reprendre le chemin de l'école...fini l'hiver à regarder les passereaux du jardin , le printemps à guetter les premières sorties des abeilles et tout le reste du temps à ne pas se presser ...même s il y a des millions de choses à faire,aucune n'est une réelle contrainte ....
Ce qui ne sera pas le cas à partir de lundi.... une chose me tracasse , c'est de devoir diminuer à l'extrême le temps passé à l'atelier de modelage...preuve s'il en fallait une , de l'importance que "cela" (activité,loisir,art ?) a pris au fil des années avec des hauts et des bas.
Parfois en se prenant pour l'artiste incompris et non reconnu (rarement)...parfois en jouant la fausse modestie ...le plus souvent en éprouvant tout simplement du plaisir à inventer et à créer au milieu d'autres...cela je le dois à l'insistance de mon amie L qui se reconnaîtra ici... je mesure combien il est important de trouver un lieu où s'exprimer , quel que soit ce mode d'expression...
Et vous.....

lundi, juillet 10, 2006

Couple Défait....salle des fêtes







Celle-ci a une drôle d'histoire et m'a ramené très longtemps en arrière sur des chemins qui furent difficiles...

Gardien ponctuel de la maison d'un couple
d'amis : elle potière ,lui peintre .
Je m'ennuyais un peu....je n'avais rien à faire et me plonger dans un livre ne me disait rien...partagé comme d'habitude entre activisme physique et paresse intellectuelle....

Je me mis à la recherche d'un peu d'argile susceptible d'être travaillée en ronde-bosse...pas évident avec de l'argile destinée au tournage , pas assez de chamotte pour mon travail...
Finalement, je m'adjugeais un bloc d'argile grise et lisse et je modelais une figure humaine sans détail pour un projet éventuel -un modelo,une ébauche-
Cette terre réagirait sans doute de façon inattendue et j'aimerai bien cela.La terre est trés docile au modelage,elle peut être reprise cent fois Mais pour ce qui est du séchage et de la cuisson, c'est elle qui décide de quasiment tout...
Et elle décida qu'il fallait faire deux avec un.Le séchage extérieur était trop rapide et le séchage intérieur trop lent.Dans ce cas là , on entoure souvent tout le "machin "de bandelettes humides pour ralentir le processus externe et on attend....mais je n'avais pas le temps de cette patience. Je décidais de partager ma figurine en deux morceaux...les choses iraient ainsi plus vite et je recollerai ensuite....au bout de quelques jours en y regardant de plus près,il me sembla qu'une des deux demi-figures était assez nettement un homme et l'autre une femme....ce que la cuisson confirma encore en créant des fissures inattendues en des endroits précis...Encore une fois, je me retrouvais avec l'histoire d'Adam et de la côte magique.
D'abord un homme....puis une scission,une rupture,un arrachement.Puis un homme et une femme...un commentaire empirique d'une vieille histoire mille fois rêpétée...oui mais laquelle ?? Celle de nos deux parts:homme et femme à la fois.Oui pourquoi pas, on pouvait y voir cela,mais je n'étais pas convaincu qu'il me fallait aller dans ce sens.

Mes amis m'offrent quelquefois des bouts de choses ayant un fort vécu :ferrailles rouillées et autres bouts de bois usés que j'utilise dans mon travail. Une plaque de fer dévorée , colorée par la rouille et munie d'une poignée-une martelière-ne demandait qu'à renaître à une autre vie...Je la travaillais à l'enclume et au marteau pour supporter mon couple...c'était décidé;ce n'était pas mes parts homme - femme qui voulaient se dire là-discours connu et sans intêret -mais autre chose encore plus banal et pourtant plus fort...la simple histoire d'une communication brisée ,d'une rupture peut-être imminente...d'une situation sans doute vécue de tous.
En langage" populo",on appelle ce non face à face "l'hotel du cul tourné" une image claire et triviale pour parler d'un douloureux moment.
la corde à trois fils est difficile à rompre
( Ecclesiaste )4.9-12

Je façonnais la plaque en son milieu pour y figurer une mandorle interdite d'accés ou rendue vierge par une tresse de fils de cuivre rouge...je patinais tout cela à la cire et je me retrouvais devant l'histoire d'une vieille rupture douloureuse...je la reconnaissais en fin comme telle...à partir de ce moment là je pûs aussi travailler sur les figures féminines...une sorte de réconciliation s'était opérée....à cause d'un bloc argile détournée de son destin d'assiette
ou de gobelet....


jeudi, juin 01, 2006

SECRET...SE CREE


A quoi pense-t-on lorsque l'on crée....quelle maîtrise a-t -on de cet instant...? Sait-on où l'on va exactement et ce que l'on cherche à exprimer...?
Oui totalement et non complétement...lorsque mes compagnons d'atelier me demandent ce que je suis en train de faire , je peux dire , par exemple:je suis en train de modeler un homme qui portera un masque.
Ce masque sera contitué d'une ancienne mesure à grains que l'on utilisait dans les épiceries il y a fort longtemps...alors oui à ce moment précis je maîtrise ce que j'essaie de faire...mais en construisant cet homme masqué suis-je totalement conscient .Ce qui se dit là c'est moi totalement et je ne le maitrise pas...une part de ce que je suis se dit à moi-même et m'éclaire .

Ainsi cet homme qui est-il ?Un visage effaré qui ,à demi caché derrière un masque, ouvre la bouche pour y montrer un morceau de métal qui dessine la lettre M...et l'on peut tour à tour couvrir ou découvrir ce visage....
Une fois le travail terminé je le regarde et je comprends... lui c'est entiérement moi:Un homme qui dit la lettre M comme Aime et pour dire ces "je t'aime (liste1)ou aime plus(liste2)"il se cache et se découvre sans cesse,un jeu de cache-cache ,de -tu me vois ,tu me vois plus-,entre pudeur de soi et démonstration,jeu et agacement....
Oh combien je discerne alors que je suis un masque pour moi-même seulement et totalement transparent à celui qui me voit...et combien je suis saisi en voyant qu' ainsi ce que j'essaye de cacher le plus est ce qui devient le plus visible .Cela même qui me constitue de la façon la plus sûre,ce qui me fonde...
Finalement ce que considère comme devant être caché : tout ce qui me fait fragile ,vulnérable est devenu le plus visible. Dans ce masque ,ce reflet je suis en fait totalement moi-même...
La transparence
est-ce que cela existe seulement?
La vérité n'avance-t-elle pas toujours recouverte d'un masque visible qui n'est pas celui du mensonge mais le vêtement de nos pudeurs.

Et notre fragilité
n'est-elle pas
ce que nous avons
de plus précieux
à offrir de nous mêmes?






Et ta blessure,où est-elle,
Je me demande où réside,où se cache la blessure secrète où tout homme court se réfugier si l'on attente à son orgueil,quand on le blesse.Cette blessure -qui devient ainsi le for intérieur- ,c'est elle qu'il va gonfler, emplir.Tout homme sait la rejoindre,au point de devenir cette blessure elle même,une sorte de coeur secret et douloureux....
C'est dans cette blessure,inguérissable puisqu'elle est lui-même- et dans cette solitude qu'il doit se précipiter,c'est là qu'il pourra découvrir la force, l'audace et l'adresse nécessaires à son art.

Jean Genet. Le funambule

jeudi, mai 11, 2006

ANGE NOIR



Jeudi 11 mai : premier et trés discret hommage à "la mémoire refoulée de
l'esclavage"...
Pourquoi y-a-t-il eu tant de haine...
tant de cris entre les murailles de l'ile de Gorée et dans tant d'autres lieux,d'autres peuples...?
Comment est-il seulement possible que cela soit encore...?
et cela est aujourd'hui encore...
En quel aveuglement faut-il être pour utiliser la différence de l'autre: couleur,religion,race,sexe pour le déclarer indigne d'égalité et le réduire à moins qu'un animal familier....pour détruire en lui-même toute possibilité d'être reconnu comme soeur ou frère humain...?
Je ne sais pas.
Au delà de toutes les considérations économiques,historiques et tout ce que l'on voudra bien avancer...je ne sais pas...
et le pire c'est que je ne sais pas comment j'aurais agi et pensé en des temps d'esclavage "ordinaire".
Mais je sais aujourd'hui; à cause d'une simple chansonnette mélo des années 50 ;que toute forme d'esclavage à commencer par celui des noirs est entièrement et définitivement inadmissible.
Quand j'étais un petit garçon,mais vraiment tellement petit que tout est flou
dans ce souvenir : je ne revois quasiment rien sinon ma grand-mère assise près de mon lit, elle me chantait souvent la même chanson.
Sa voix ,je l'entends très bien par contre.
Elle me chantait en espagnol la chanson populaire des angelitos negros et elle m'expliquait ce que cela voulait dire;a moins qu 'elle ne l'ait aussi chanté quelquefois dans sa version française revisitée les anges noirs
Toujours est-il qu'avant même d'avoir jamais vu un homme ou une femme de cette couleur ..et on en croisait peu en Provence dans les années 60...avant même cela ,j'avais décidé que pour moi les anges seraient noirs et que leur couleur loin d'être entachée et vile serait pour toujours celle de la compassion.
En témoignage mon ange noir.
Et bénies soient les chansonniers et les grands-mères qui changent le monde.
Balthazar le mage noir,les merles noirs ,les chats noirs .......et la Sulamite du plus beau chant d'amour I.5:Nigra sum sed formosa.

lundi, avril 10, 2006

implosion


Mardi dernier,je rentre guilleret dans l'atelier....
Las,las au défournage il s'avère que ma dernière production sur laquelle je m'étais échiné plusieurs séances a implosé à la cuisson.Causant au passage quelques dégâts aux oeuvres voisines....cette chose... un buste masculin formant spirale de ses bras et grimpant vers le ciel avait eu pour point de départ une photo de ballet contemporain.
Je le destinais à former la deuxième partie d'une paire sur la mystique espagnole
du XVI ème siècle.
D'une part Thérèse d'Avila dans la pose que lui donne Gérard Garouste mais entouré d'une multitude de bras et d'autre part Jean de la Croix dans cette position d'exaltation que je viens de décrire.

A sa sortie de four Jean était explosé en une dizaine de gros morceaux accompagnés de tas de petits bouts éparpillés et d'un bon bol de poussière d'argile cuite.
J'ai l'habitude d'affecter un certain détachement par rapport à mon activité de modeleur mais devant ce petit désastre,je me suis rendu compte que j'attachais en fait pas mal d'importance à ce"travail"

Je n'ai eu de cesse de raccommoder ces morceaux pour reconstituer mon Jeannot .Aujourd'hui le recollement en est à son terme et tout l'intérieur qui était totalement pulvérisé a été remplacé par du plâtre...J'espère bien voir la renaissance prochaine du couple en question.
La raison de cet accident est mystérieuse:trop grosse bulle d'air ou séchage insuffisant...cela m'était déjà arrivé avec un grand chien couché dont il ne me reste que la tête.


Aujourd'hui je voudrais parler de la fascination de la laideur,de l'horrible ,du difforme ,du monstrueux pour" un artiste"...parfois je sens chez mon "spectateur" comme une réaction de recul...
Faut-il être bien fêlé soi-même pour exprimer des choses pareilles
...que nenni,il n'y a là ni bargerie ni manifeste simplement le fait que la beauté n'a pas besoin de moi pour être admirée ni rendue...il me semble bien plus intéressant de rendre la beauté de ce que l'on considère comme laid...je n'invente rien en ce domaine ,d'autres s'y sont essayé avec des fortunes diverses parfois en côtoyant dangereusement l'abîme à force de vouloir l'exprimer....
je ne vais pas jusqu'à cette limite.
Ce qui me plait c'est de rendre toute la tendresse contenue dans des figures humaines qui n'ont pas eu la chance de naître si parfaites qu'une sculpture grecque .
Aussi admirable qu'elle soit; à celle-ci il manque souvent cette part de nous même qui nous rend beau dans tout notre être :la tendresse humaine...dans la beauté du laid il n'y a pas la dimension tragique de l'éphémère,de ce qui va
passer si vite.
Car cela est déjà passé...au loin et à jamais...il reste alors le plus nu que le nu.le plus intime que l'intime.C'est cela que j'ai voulu faire avec cette statue que m'a inspiré une oeuvre de
Joel-Peter Witkin : La femme qui fût un oiseau.
Son oeuvre peut être insoutenable et dérangeante ...et dans cette démarche parfois trop formelle devenir anecdotique ou décorative(mot terrible si l'on sait que son matériel de prédilection;il le trouve dans les monstres humains et dans la mise en scène de cadavres ...
Il n'empêche.là dans cette photo de femme si l'on se dégage d'une certaine mise en scène ...il y a une femme sans bras rendue miraculeusement belle.
Ce qui passe pour laid concourt à la perfection de tout .

Marc Aurèle

et nous verrons bien si l'accident de mon Jeannot lui donnera finalement une beauté plus rare et plus émouvante...
et puis allez dire à un enfant que sa mère,son père sont laids ...ou à une mère,un père que son enfant est laid...ensuite prenez un miroir et regardez vous dedans...à votre avis qui est le laid ?

jeudi, mars 23, 2006

BEAU TRAVAIL BILLY



Non je ne suis pas dans l'auto-laudation béate...ce n'est pas que ce considère cette "oeuvre" comme particulièrement réussie même si je lui voue une affection particulière...
Beau travail est un film de Claire Denis...un film étrange... quasiment sans mots,hormis les paroles du narrateur:Galoup ,un ex adjudant légionnaire se souvient de DJIBOUTI et des hommes qu'il avait sous son commandement...et puis d'une saison ,à peine un instant dans sa vie ,un rêve éveillé.
Une fulgurance l'a traversé comme une lame et il en reste marqué au fer:souffrance douce ou bonheur violent,un de ces instants secrets qui sont nos seuls secrets...parce qu'indicibles ...

Mais pour lui il y aussi l'infamie ... ce qu'il désirait le plus , ce qu'il considérait comme le plus parfait,son image idéale et qu'il ne posséderait jamais ...
ll l'a finalement tué.

Beau travail est inspiré du dernier roman d'Herman Melville: Billy Bud marin.
Benjamin Britten en fera un opéra.
Un même thème,trois modes d'expressions:l'écriture ,la musique et ici l'image.
Dans ce film ,comme dans une cérémonie païenne, chaque geste est une danse ....danse sacrée ainsi les parades nuptiales des grands oiseaux.
Dans un paysage désertique et improbable , sous une lumière violente ,des hommes usent leurs corps et leurs sens à l'entrainement.
Les moments plus mondains :"une sortie en ville"par exemple,sonnent tous étrangement faux
comme si le vrai temps et le vrai lieu du film n'était pas le réel ordinaire.
Dans ces trois oeuvres traversées par un homo-érotisme fort...la beauté conduit à la mort et Billy (Santain dans le film) devient l'innocent sacrifié des tragédies grecques,Antigone au masculin; la figure de l'agneau immolé: le pur porte la faute et la salissure de l'impur...et le sauve de sa propre noirceur.
Billy est d'une beauté terrible parce qu'il ne la connait pas,cela,ce qui n'est rien pour lui devient tout pour les autres.
On ne sait d'ou il vient ,il ne sait ou il va,il ne réclame rien que vivre et ne joue pas de cette arme qu'il posséde. Sa pureté intérieure est proportionelle à sa séduction plastique.
Refus ou innocence... autour de lui rodent lumière et nuit, protecteur trop sévére(le capitaine) et amoureux trop assassin (l'adjudant Galoup) .

Pourquoi nous arrive-t-il d'être ainsi touché et devenu ivre par une simple nuque,la courbe d'un muscle...capable de tout pour serrer,toucher...posséder...chez la plupart d'entre nous cet espace terrible ou rôdent nos parts les plus sombres parce-que les moins domptées ...cet espace trouve à s'accomplir dans la métaphore artistique ou autre...Mais pas chez Galoup.Lui cherche cela en Santain:sa réélle beauté ... C'est pour cet homme épris d'absolue discipline, l'immanence de son rêve narcissique,la mise en scéne d'un soi idéal.Et ce qu'est Santain,ce qui le fait homme n'a strictement aucune importance.

Beauté ni injuste ni cruelle ,tu es simplement comme le soleil est:Libre.Et qui reprocherait au soleil d'être ce qu'il est.Un frére qui réchauffe nos corps quand bon lui semble.
Ce qui touche en toi beauté,c'est ton si bref passage,ton immense fragilité.Te croiser est une balise dans nos vies et tu as multiples visages...Billy mais aussi tant d'autres choses passantes...bien éloignées du modèle esthétique gréco-latin qui donne tant de fil à retordre à ceux qui refusent de se soumettre à ce modèle si rétréci : 25 ans,mince,plutôt blanc bien halé,l'intérieur n'a plus d'importance seule compte l'enveloppe ... vaine soumission à d'aussi vaines apparences...car tout passe... sauf l'hégémonie de la sottise et de la futilité....
Et si j'ai trouvé beau ce film au point de m'en inspirer, c'est pour tenter d'en rendre la moins palpable des parts :la tendresse donnée et recue pour rien,contre rien...
En échappant ainsi aux enjeux de pouvoirs que peuvent être le désir violent de posséder le beau en l'autre,d 'en être maître et de jouer avec le feu sorcier .
A partir de cela on peut tenter un autre chemin et aussi ce que l' on considére habituellement comme laid.Car la beauté comme la laideur ne sont que des codes culturels.
La grande affaire est de regarder tout ce qui est, comme potentiellement beau.
Mais cela est pour la prochaine fois.

O ta grâce m'accable et je tourne de l'oeil
Beau navire habillé pour la noce des Iles
Et du soir.Haute vergue!Insulte difficile.
O mon continent noir.Ma robe de grand deuil. J.Genet.un chant d'amour

lundi, mars 20, 2006

BERESHIT....Récréation

Création première:
La terre était Tohu et Bohu,une ténébre sur les surfaces de l'abîme,mais le souffle d'Elohims planait sur la surface des eaux...Elohims dit:nous ferons Adam le glébeux à notre réplique,selon notre ressemblance...Elohims crée le glébeux à sa réplique,à la réplique d'Elohims il le crée,mâle et femelle il le crée
Trad .André Chouraqui
Ainsi,n'en déplaise aux étroits,mâle et femelle nous aurions été créés en un seul être...ou bien mâle et femelle à partir d'un seul être...

La question peut avec justesse se poser à partir de ce premier récit de la création et moi le glébeux ,le magicien sans mot:J'ai demandé à ma glèbe ce qu'elle pensait de tout cela...aucun souffle ne l'animant,ne lui donnant âme vivante et parlante...
La glébe demanda secours à mes mains et mes mains ont dit une image de mots:



Et mes mains ont bien lu le texte,enfin elles ont vu clair dans cette boue primitive.
Approchez mes amis et voyez quelle surprise! Le plus petit des deux a l'air bien ennuyé,il est pourtant fort bien pourvu,étant Monsieur et Madame à lui tou(te) seul(e)...et cela lui
donne un air d'émouvante mélancolie.
Ce n 'est pas le cas de son camarade en paradis qui semble bien s'amuser,cela lui plait au plus au point de ne pas avoir à gérer cette galère d'identités bigonadiques...
Mes mains mais comment osez vous ,c'est n'importe quoi.Une simple erreur divine de néophyte en création...vite réparons cette injure à la morale et à la bienséance.





Création seconde
:
Adonaï Elohims forme le glébeux Adam,poussière de la glébe Adama,il insuffle en ses narines haleine de vie,et c'est le glébeux,un être vivant...Adonaï Elohim fait tomber une torpeur sur le glébeux,il sommeille.Il prend une de ses côtes,et ferme la chair dessous.Adonaï Elohim bâtit la côte,qu'il avait prise du glébeux,en femme.Il la fait venir vers le glébeux.Le glébeux dit"Celle-ci ,cette fois ,c'est l'os de mes os,la chair de ma chair,a celle-ci,il sera crié Isha,oui,de l'homme Ish celle-ci est prise"

Mes mains ont écouté cet autre récit,cette autre image de création et une fois encore mes mains ont parlé,elles ont élevé la voix de la terre vers le ciel:



















Et le ciel a répondu:

J'avais dit "de la glèbe" pas de la glèbe ,et des os de je ne sais quel animal mort ,ajouté à un ressort et un bout de bois.

Ecoute cher Dieu, tu es bien gentil,mais nous, hic et nunc,nous sommes en plein trauma post pêché originel ...alors on fait ce qu'on peut avec ce que tu nous as laissé...

En attendant,il ne nous a pas échappé certaines choses,homme et femme nous avons d'abord été créés et c'est sans doute en cela qu'existe notre part seconde(masculine ou féminine selon notre part première)et nous nous en rappelons souvent.
En nous la création première subsiste,aucune des deux n'a primauté sur l'autre dans aucun texte,aucune de deux n'est niée.et tu n'as renié aucune de tes deux créations,cela se saurait, depuis le temps.

Nous sommes infiniment pluriels et nous en sommes riches,la vie en abondance et en joie réclame un certain désordre,un désordre divin.

Nous sommes donc tout cela et les "essais créatifs "de Dieu pour nous n'en sont que preuve de diversités de genres et d'existences possibles( tel qu'il est représenté ici,laissons les certitudes aux fondamentalistes de tout poil).
Le plus amusant est que le second Adam,celui qui pourrait paraître le plus achevé parce qu'il ressemble au code identitaire sexuel ordinaire,n'est sans doute pas le plus malin ni le plus courageux,il dit :"celle ci cette fois c'est l'os de mes os la chair de ma chair"....celle-ci...c'est qu'il y en eut une autre...savez-vous que l'on ne vous dit pas tout. Dans les légendes sémites,avant Eve il y eut Lilith qui refusa de "se coucher sous Adam" déjà la femme revendiquait le droit d'être traitée comme force égale...Bléssée dans son amour propre ,Adam le second la fit chasser à jamais du paradis terrestre ou elle ne remettra les pieds que sous la forme d'un serpent...il lui préféra quelqu'un à sa botte
( enfin à sa côte)on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même...quel courage n'est-ce pas...et on ose nous rabâcher la nécessaire altérité...je me demande si je ne préférais pas l'Adam de la première création.
Et vous?

mercredi, mars 15, 2006

De la nodocéphalité


Nodocéphale:du latin:nodus(noeud) et du grec kephalé(tête)....

"Lorsque j'étais un enfant je pensais comme un enfant" ...c'est ensuite que les choses ont commencé à se gâter....

Adolescent migraineux au point de devoir rester dans le silence et le noir pendant des heures ;j'eus tout le loisir d'apprendre à penser de travers et à exceller en la matière.
Temps béni des phantasmes inassouvis (pléonasme sécuritaire) et envahissants (litote frugale) qui vous prennent l'esprit au point de devoir s'adonner à corps perdu à la course de fond ou à la natation(St Francois,lui,se jetait dans les ronces ou dans la neige lors de ses séjours sur l'Alverne...il y a donc de trés honorables précédents)
Je décidais un beau jour de me débarasser de ce fatras pitoyable ,dès que cela serait possible , et après avoir tout de même essayé d'en profiter un peu (pour voir...juste quelques années et ensuite direct le monastère ...) et sans pour autant me mettre à épuiser mon corps dans une agitation sportive qui me faisait horreur.
Me débarasser de cett addiction ,certes mais non point me transformer en martyre énodulé ;comme cela fût un temps trés à la mode chez quelques mystiques des premiers siècles...Radical certes ,mais totalement inefficace....allez donc faire un tour dans une maison de retraite:l'envahissement chez nos vieux enfants, de ce qui leur reste alors de raison ,par une érotomanie délirante est inversément proportionnel au non fonctionnement de la petite mécanique...
Ce n'est donc pas de ce coté là que j'orientais mes recherches vers la liberté qui est la compagne de la vraie sainteté...
Il y eut un temps et puis un autre et tant d'autres agrémentés de vains tourments...la solution je la trouvais dans un bloc de ma terre chérie.
Un mardi:jour du modelage je l'ai déjà dit,faut écouter!
Alors que mes mains cherchait quelque chose qui viendrait...lorsque l'inspiration est vide,les mains travaillent à la place du cerveau et cela donne parfois de droles de surprises....
Je commençais à modeler un lapin à tête de noeud à la grande stupéfaction silencieuse et polie de mes compagnons d'atelier.
La foudre ne me tombant pas sur la tête et cela m'amusant énormement ...
J'en produisis au long des mois toute
une ménagerie:lapin,poulet,rat,chien...jusqu'à la conception magistrale d'une mère à l'enfant ,tous deux à tête de noeud....
J'avais enfin trouvé le moyen d'apprivoiser cette chose :en jouant avec...La mise à distance et en face à face , avec tout cela ,m'apprit que l'humour était la meilleure facon de maitriser mes petits travers trop humains,de les utiliser,de les rendre féconds...
La dernière production de la série ,quoique différente des précédentes, représentait un homme jouant avec un cerceau sur lequel était accrochés ses attributs....aprés consultation collective..mes petits camarades et moi-même décidâmes de le nommer"Jeu de biroute ;jeu qui déroute..."
Je ne peux malheureusement pas vous présenter cette sympatique ménagerie...tout a été vendu avant que j'en prenne photographie...les gens tout de même , z'achèteraient n'importe quelle cochonnerie...sauf mon préféré que j'ai gardé...je vous présente le sus-nommé: Rat crevé nodocéphale dansant.

lundi, mars 13, 2006

Tu veux ma photo,tu l'auras pas



Pas moyen d'insérer une photo de
"ma pomme dans mon profil"
ni quoi que ce soit d'autre d'ailleurs,bien trop complexe pour le néophyte que je suis et pas de main charitable à l'horizon...un mode d'emploi même clair me fait buter stupidement sur des détails...une aide personnelle et bienveillante et tout deviendrait simple , mais ici,dans ce trou du monde,pas le moindre bloggeur en vue.En attendant je bute et je rage.
C'est l'occasion de me montrer sous un jour peu favorable mais assez ordinaire:la tête prise dans un étau et la bouche close par un coquillage...ce portrait(puisque je dois me résoudre à cette évidence: tout ce que je bidouille me ressemble;faille d'altruisme ou référence obligée ,je n'en sais rien mais c'est comme cela...même si je modèle un chien crevé ou un lapin à tête de noeud il me ressemble encore)
Ce portrait donc,j'en dois l'élément principal à mon copain Jean-Marie qui l'a ramassé pour moi dans une vigne un jour de balade,il sagit d'un céphalométre...instrument médical du siècle dernier qui servait à produire une estimation des capacités craniennes par mesure externe...que faisait-il au milieu des vignes,cette histoire reste à écrire.Toujours est-il qu 'il m'a permis cette réjouissante image.

dimanche, mars 12, 2006


Premier jour du premier blog
de la glèbe nous sommes nés
modelés de la main d'un créateur
à son image nous fûmes créés
à son image un jour je décidais
de créer avec la glébe des figurines
à notre image d'hommes épars
en quête d'unité de nous mêmes
chacune d'elles est image
d'une part de lumière ou d'ombre
d'une part de compassion tendre
pour les fragiles humains.

Aujourd'hui , je vous présente petit jaune.
Petit jaune est né un mardi
jour d'atelier
il n'a pas de mains et une seule jambe
mais il n'en a pas besoin
il regarde le monde sans se lasser
et il sourit